Biographie

                                    Maman, comment puis-je  écrire ta biographie ?
      
 Nous étions si proches, tu es toujours avec moi… Avec  tes poèmes qui parlent à mon âme,  tes chansons qui chantent en moi… Avec chaque fleur sur laquelle mes yeux se posent, d’un regard différent maintenant, comme s’il relayait le tien. Avec chaque oiseau qui vient me rendre visite, comme pour chasser des larmes parfois encore provoquées  par l’absence ... Avec chaque plat que je cuisine, chaque souvenir inscrit dans chacune de mes cellules…Tu es si proche… Je te parle au présent et je  reçois ton sourire, à l’intérieur de mon cœur, chaque jour….  
    Le temps n’existe pas puisque l’Amour est éternel...
                                              
       
                                                         « La date n’est pas essentielle 
                                                           tu n’es jamais
                                                           tu étais toujours
                                                           tu seras d’hier... »
 Mais il faut bien quelques dates, quelques faits pour que tes lecteurs puissent te situer et comprendre mieux ce qui dans ta vie fit émerger le Poète…
 
Je  vais donc, essayer, comme en retrait, d’en énumérer froidement comme il se doit dans une biographie…
Mais avant  je voudrais partager ce texte de Cécile Arielle, qui te connaissait bien pour avoir été ta secrétaire, ton assistante et surtout une amie fidèle.
Elle-même est poète et a l’art de savoir dire les choses, et je te reconnais si bien dans ses mots :

 

 « La vie d’Irène de Saint-Christol fut un long poème d’amour ! Pour l’Homme, pour ses enfants, pour les fleurs, pour les mots qu’elle assembla et mêla comme personne, pour Dieu enfin dont elle ne cessa jamais de chercher l’invisible et impalpable présence.

 

Lumineuse fut la femme, élégante, gracieuse, espiègle même et pourtant si mystérieuse, si profonde : elle fut tout au long de sa vie en quête  d’excellence, d’absolu dans des domaines apparemment si éloignés comme : les Sciences, la Philosophie, l’Art, mais elle sut les fondre en une même vision d’un monde toujours en devenir.


Résolument tournée vers l’autre, attentive, intuitive, riche d’une 
vraie  chaleur humaine et pourtant, évoluant déjà dans un ciel dont, seule, en communion avec le cosmos,  elle percevait les chants secrets et les merveilles.

 

Son œuvre est riche, dense, bouleversante. Il faut lire du premier jusqu’au dernier de ses vers, et découvrir  autant de cris de révolte, de souffrance, d’amour, jetés en mots rageurs, douloureux, éperdus sur des papiers épars.

 

Le soin qu’elle prit toujours de les rassembler dans des éditions de qualité,  témoigne de son sens inné de l’esthétique : elle aimait le beau, le pur, l’idéal.

 

Deux fois lauréate de l’Académie Française, elle reçut aussi d’autres nombreux prix, et toujours, elle encouragea les poètes, les artistes en publiant leurs œuvres dans la revue « Inter-Muses » qu’elle avait, seule, créée et dont elle assurait l’édition et la diffusion.

 

Irène de Saint-Christol est entrée dans la Lumière de l’invisible le 14 Octobre 2005, mais son œuvre demeure et atteindra longtemps encore le cœur et l’âme des humains en attente d’être ! »

                                              Cécile Arielle

                              Extrait du blog Océan de Fleurs, le 8 mars 2011.

                                             oceandefleurs.canalblog.com/

  

                                            Biographie

    Irène Bricout est née à Cambrai le 22 Mai 1914.   Française par son père, un des quatre fils  d’une famille bourgeoise d’artisans charrons du Nord de la France, et par sa mère, née à Montmartre de parents aux origines mélangées : une mère Italienne et un père hongrois.

 

De ce  grand père « ce tzigane aux yeux bizarres », issu du mariage  d’une tzigane hongroise  et d’un Général Autrichien  Irène hérita de ses yeux verts et  son teint mat, de son coté artiste, de l’amour des violons qui pleurent et de l’appel sauvage de la puszta hongroise où elle n’alla pourtant jamais.


 Sa petite enfance se passa donc dans cette famille aux origines et aux cultures mélangées, où certains parlaient quatre langues, où l’on travaillait beaucoup tout en jouant de la musique, en chantant et en philosophant  .Elle eut toujours en elle le souvenir de sa Maman qui chantait beaucoup et de son père trompette d’argent et chef d’orchestre.   .

Sa Maman mourut de tuberculose alors qu’elle n’avait que douze ans, un petit frère  de sept ans et des sœurs jumelles de six mois.  Son père, déjà marqué par quatre années de Guerre, ne put supporter de perdre sa femme et partit avec sa trompette sans plus se soucier   de ses enfants, « abandonnés », ballotés et éparpillés entre grands parents et oncles et tantes. Quatre ans plus tard, c’est  sa  grande mère qu’elle aimait beaucoup qui décéda d’une longue maladie

Irène sut s’adapter, trouvant  réconfort dans tout ce qu’elle faisait, la lecture en particulier et en confiant ses chagrins à la nature, qui l’environnait :

« Je respirais au rythme de la vie végétale. Je me rends compte aujourd’hui que c’était une véritable nourriture. Et que cette ambiance serait jusqu’à mon dernier jour, la seule véritable amie, la confidente de ma solitude. » *

Irène étudia la musique, le  violon  et le chant au conservatoire, elle dessinait et écrivait. Douée en tout,  surtout en littérature, elle aurait pu faire de grandes études mais sa famille en décida autrement. Elle fut donc institutrice.
 

Elle se maria en  1936 et eut un fils en 1939. Elle exerça son métier  avec passion et inventivité pendant 18 ans allant jusqu’à créer et fabriquer  des jeux éducatifs et sensoriels et à peindre des fresques sur les murs de sa classe.  

 

Un nouveau deuil l’affecta profondément : son frère, mourut en héros  à la guerre d’Indochine.

 

Une scarlatine particulièrement violente lui fît arrêter l’enseignement.  

 

Elle s’occupa   alors avec son mari d’un commerce florissant. Ils furent parmi les premiers à vendre des machines à tricoter  et à coudre, entre Cambrai et Paris.

 

Une fille naquit en 1957 (17 ans après son frère.). Irène Lefebvre (son nom d’épouse)  composa de nombreuses chansons déposées à la SACEM. Elle écrivait, mais souvent en cachette jusqu'à ce que, renonçant à sauver ce qui ne pouvait plus l’être, elle  décida  de divorcer.

 

 A 54 ans elle s’installa seule à  Paris où elle  put  donner libre cours à sa passion : la poésie et devenir Irène de Saint Christol, son   nom d’écrivain.  Après un cours passage au Figaro, elle accepta un poste de professeur dans un collège du boulevard Raspail.

 

 Elle s’inscrivit à des concours, remporta de nombreux prix, et se vit ainsi propulsée directrice des manifestations culturelles et artistiques d’une académie internationale. Elle s’y consacra bénévolement pendant plus de 20 ans et y exerça ses compétences et ses talents, y créant même une section des Sciences pour tenter de faire dialoguer entre eux  les artistes et les scientifiques, en particulier sur les origines de la vie qui la passionnent.

Irène de Saint Christol créa  et anima un club de poésie Place du Chatelet, et  surtout la revue Intermuses dont elle assura l’édition en totalité. Dans cette revue se côtoyèrent pendant 8 ans, poètes, écrivains, peintres, philosophes et scientifiques.

 

   Six recueils des poèmes d’Irène de saint Christol furent édités.

- Les Messes de Soleil : première édition en  1973 (trois rééditions). Grand Prix Paul Géraldy.
- Horizon Brûlé : Editions Saint germain des Prés. 1977. Grand Prix de poésie libre du syndicat des journalistes et écrivains.
- Visions Désincarnées : 1980. Prix Bouscatel de l’Académie Française. Réédition en 1998.
- Au Temps où la Femme : 1980. Médaille de vermeil de la ville de Paris et grand prix de la Biennale de Cannes.


- Angles d’Ecoute : 1983. Prix Amic de l’Académie Française et Grand prix de fondation des Poètes Français.
 
- Les Messes de Soleil suivi de Au Temps où l’Homme : 1998. Editions de la Lucarne Ovale.
Elle  fut aussi préfacière, éditorialiste, (traduite en plusieurs langues), critique d’art et  auteur de nombreux articles parus dans diverses revues ou anthologies.                                                                            
 
Poète et véritable prêtresse des mots   Irène de Saint Christol détenait  l’art de dire ses poèmes  et aussi ceux des autres.
Elle  donna  de nombreux récitals de poésie où ses mots faisaient vibrer l’assistance.
« Moi, la possédée, j’ai, prononcé des mots comme on manie des flammes, comme on chante la messe, comme on prie, en joignant les mains. Le coté sacré de la poésie fait corps avec la voix. En scène je m’évade sur des chemins inexplorés, je sens que même sans tout comprendre, les auditeurs me suivent. Ils m’apportent chacun un peu de leur clarté personnelle. »*
 (* Extraits de «  N’enterrez pas le petit Poucet », œuvre en prose  autobiographique écrite sur la fin de sa vie et bientôt publiée).
Irène de Saint Christol cessa progressivement  ses activités publiques à l’âge de 80 ans, en  1995. Mais elle ne cessa jamais écrire,  de se cultiver, de  se tenir au faîte des dernières découvertes, et d’entretenir avec les plus grands comme les plus humbles une  correspondance subtile.

Elle ne parut jamais  son âge, comme certaines fées qui semblent ne jamais devoir vieillir. Pourtant des problèmes de vertèbres  la faisaient terriblement souffrir  depuis longtemps.

Elle a quitté ce monde le 14 Octobre  2005, à l’âge de 91 ans, après avoir écrit quelques vers d’une fulgurance inouïe.
Ils seront bientôt publiés avec ses derniers poèmes sous le titre : « La vallée de l’Eveil »

Plus de détails sur son Œuvre poétique se trouveront dans la Bibliographie.
               

                                            (Les photos sont la propriété de l'auteur de l'article:Fabienne Wind)